L’ARMÉE DU CHAHUT

Si au premier abord on pense à l’Armée du Salut, ou à une étrange milice, cette impression se dissipe rapidement. Car si ces gens portent un uniforme, c’est pour affirmer un collectif, une cohorte sensible qui possession de l’espace. Et cette occupation minimaliste, sans autre artifice que le chant, à voix nue, prend toute sa place et s’impose pour s’enraciner dans les habitudes et usages de l’environnement urbain, pour en souligner les absurdités, pour tenter d’échapper aux consignes et prescriptions en vigueur dans l’espace public.

Tantôt drôles, insolites, vibrantes ou puissantes, les séquences inattendues se succèdent une à une tout au long du parcours, jusqu’au dénouement. Porté par le chant, le public bascule du quotidien à l’extraordinaire. Puis l’ordinaire reprend ses droits tandis que quelques mètres plus loin, une nouvelle situation se met en place…

Vecteur du propos du spectacle, le chant en est également le sujet, par ses usages et la manière de les mettre en exergue, avec humour et sens. Par le seul médium de leur voix, confrontant la musique populaire internationale aux mélodies connues de tous, jusqu’à l’improvisation collective, les interprètes de l’Armée du Chahut questionnent nos différences (et ressemblances) culturelles et matérielles. Car quelque soit son origine, son histoire, le chant raconte, le chant transmet, le chant transforme. Ainsi chaque chanson peut être reçue de manière personnelle par celui ou celle qui l’écoute, suscitant un imaginaire traversé d’émotions et de références culturelles propres, tout en provoquant un moment singulier de communion de toutes ces émotions partagées.